Combien de fois depuis le match Lens-Lyon, gagné sans discussion par des lensois retrouvés, des gens me demandent : « alors Lyon encore champion cette année ? ». Ma réponse est invariablement la même :
« sans problème ! »,
mais je crois que c’est le cœur qui parle, car intérieurement il m’arrive aussi de m’interroger après certains matches de mes amis lyonnais.
Beaucoup de raisons incitent à penser qu’effectivement l’Olympique Lyonnais terminera le championnat en tête une nouvelle fois, au grand désespoir des amoureux du suspense !
Si on examine les effectifs des différentes équipes de Ligue 1, aucun ne possède la richesse en qualité (plus de 20 internationaux) ni en quantité de l’OL. Bien sûr la qualité des joueurs est une raison nécessaire mais pas suffisante, cela s’est souvent vérifié, notamment encore cette saison avec le Barça et ses stars !
La force des grandes équipes, outre le talent individuel des joueurs, réside dans l’esprit collectif du groupe.
Pour avoir eu la chance de vivre le quotidien de l’OL pendant deux saisons, je peux affirmer que ce groupe a quelque chose de plus que beaucoup d’autres ce qui ex plique, en partie, ses résultats exceptionnels lors des dernières années.
D’abord cette équipe vit bien ensemble ; chaque matin, les joueurs sont contents de se retrouver, ils arrivent bien avant l’heure de l’entraînement afin de pouvoir discuter, écouter de la musique ou encore se défier au baby-foot.Souvent une animation impromptue dans le vestiaire rassemblait tout le monde, comme les imitations d’Abi ou les représentations de danse africaine… bref, ils aimaient être ensemble et cela se voyait !
De plus l’esprit de compétition était vraiment la marque de fabrique du groupe ; les petits jeux d’entraînement étaient toujours très disputés, rarement plus de 2 buts d’écart, et l’arbitre avait intérêt à être vigilant pour éviter les contestations.
J’en sais quelque chose ! Tout était prétexte à compétition et à mettre des maillots en jeu ce qui augmentait encore l’intensité des débats. Pour les entraîneurs, c’était du pain béni, pas besoin de se creuser la cervelle pour amener la motivation, elle était constamment au rendez-vous ! Cet esprit de compétition, cette force de ne jamais lâcher se retrouvait lors des matches.
Combien de fois a-t-on renversé des situations compromises, à l’exemple de ce match en Coupe de la ligue contre le PSG, où mené 1-0 à 3 minutes de la fin du match, nous avions fini par l’emporter 2-1 grâce à deux buts de Wiltord ! C’était tellement fort que j’avais « disjoncté » ce qui m’avait valu une exclusion, la première et la seule de ma carrière d’entraîneur !Aujourd’hui ce collectif est peut-être un peu moins uni et soudé car l’effectif a pas mal évolué lors des deux derniers mercatos, des joueurs cadres sont partis, ceci explique les quelques difficultés actuelles des Lyonnais.
Malgré tout ils conservent de la marge sur leurs concurrents car, parmi ceux-ci, rares sont ceux qui affichent l’ambition, les moyens et la constance pour les détrôner.
Mis à part Bordeaux, les grandes écuries telles Paris, Marseille, Monaco sans parler de nos équipes nordistes sont par trop inconstantes, pour le moment, pour pouvoir contester l’hégémonie lyonnaise.
De plus les moyens financiers, dont dispose l’OL, lui permettent de garder une certaine marge d’avance sur ses concurrents.
L’entrée en Bourse conjuguée à la construction du nouveau stade risque malheureusement encore de creuser l’écart entre Lyon et les autres.Tous les véritables amoureux du foot rêvent d’un championnat avec quatre ou cinq équipes se tirant la bourre pour le titre, comme en Angleterre !
Pour le moment, même si l’écart se réduit légèrement, les lyonnais semblent bien partis pour être sacré champion de France cette année.
Le cœur parle mais la raison aussi ! L’avenir me dira si j’avais raison !