Alors le sprint final est dans sa phase décisive, voici venu le temps de la remise des prix : meilleur joueur, meilleur entraîneur… curieusement des récompenses individuelles pour un sport collectif ! L’importance donnée à ces trophées vient surtout du fait qu’ils sont attribués aux lauréats par leurs pairs respectifs et c’est pourquoi cette cérémonie est toujours attendue avec un certain intérêt dans le monde du foot.
Cette année l’absence d’Alain Perrin dans la liste des nominés chez les entraîneurs amène quelques interrogations : en effet comment un entraîneur, en passe de réaliser le doublé Coupe-Championnat, peut ne pas figurer dans la liste des meilleurs ?
Pour avoir pris par à ce vote annuel lorsque j’étais en fonction au RC Lens, mon interrogation était toujours la même : quel est le meilleur entraîneur ?Celui qui gagne le plus souvent, à savoir le champion, ou alors celui qui tire le meilleur de son effectif ou engendre le plus de progrès dans son groupe ?
J’étais très admiratif ,à l’époque, des entraîneurs n’ayant pas les plus gros moyens et qui, par leur travail ,obtenaient de bons résultats. Peut-être étais-je influencé par mon coté formateur ?.
C’est pourquoi, à mon avis, la présence de Claude Puel se justifie cette année dans la liste des nominés ; ayant perdu à l’intersaison cinq des six joueurs cadres de son équipe, il a réussi à reconstruire une équipe compétitive, après un début de championnat forcément difficile. Son équipe a un style, une personnalité ; une grande partie des joueurs lillois ont franchi des paliers, à l’image de Rami, Franquart ou encore Mirallas, pour ne citer qu’eux !!
Le fait d’avoir pu vivre deux saisons à l’Olympique Lyonnais m’a amené à voir les choses un peu différemment ; de l’extérieur, il semble aisé, compte tenu de la qualité de l’effectif, de décrocher le titre de champion chaque année, et pourtant, à l’intérieur c’est loin d’être aussi simple que cela !
D’abord, il faut arriver à trouver de nouveaux challenges à des joueurs repus de succès, les amener à une remise en cause permanente,devant des adversaires de plus en plus désireux de leur faire mordre la poussière, dans un environnement médiatique agacé par une domination excluant tout suspense….
De plus, il faut assez vite trouver l’osmose avec la partie restante du staff qui, elle aussi victorieuse à plusieurs reprises, n’a pas forcément envie de modifier sa façon de faire !!
Cette année, pour Alain Perrin, les choses se sont compliquées avec les départs de joueurs importants, tels Abidal, Tiago, Malouda, et les blessures sérieuses de cadres de l’équipe tels que Cris et Coupet, sans parler de Müller. C’est pourquoi, l’absence de l’entraîneur lyonnais parmi les possibles lauréats me semble particulièrement injuste, sans pour cela remettre en cause la présence des autres.
Il faut dire que les « sorties médiatiques » venant de l’intérieur du club ne l’ont certainement pas aidé !
Chaque entraîneur aura jugé ses collègues en fonction des critères qui sont les siens, et pour cela on se doit de respecter ces nominations et l’élection du meilleur « coach » de l’année.
J’espère que l’heureux élu sera se tenir, à l’image de Gérard Houllier qui avait invité tout son staff chez « Paul Bocuse » pour fêter son titre de meilleur entraîneur !!
Quelle classe !
Patrice Bergues