Aller au bout de ses rêves....

Serge GIRARD traverse les continents en courant depuis dix ans... Considéré comme un surhomme pour beaucoup, un fou pour certains.... Il se dit lui-même un homme comme les autres !! Si ce n'est que, lui, pour redonner un sens fort à sa vie, a décidé d'aller au bout de son rêve.... Avec une pointe d'humour il dit même : "Je me suis offert le luxe de choisir mes propres souffrances, plutôt que de les subir, comme la plupart des gens"... Lisez son témoignage, extrêmement percutant !!!

Voici les propos de Serge GIRARD :

J'avais 40 ans et j'allais mal. J'envisageais de divorcer pour la deuxième fois.Je gagnais plein d'argent, j'en dépensais plus encore, et le matin, quand je me regardais dans la glace en me rasant, je me demandais où tout cela allait me mener. Je n'en avais aucune idée.



Je me suis mis à faire du jogging, comme tout le monde, pour me battre avec moi-même au lieu de me battre avec les autres. Ça me faisait du bien mais pas assez. Un jour, par hasard , je suis tombé sur "La Grande Course" de Flanagan, un roman qui raconte comment des hommes traversent les États-Unis en courant. Je me suis dit ; "Voilà c'est ça."

Alors, je me suis mis en route. J'ai cherché des sponsors. J'ai constitué une équipe. J'ai préparé mon voyage. Comme par hasard, les portes se sont ouvertes devant moi sans grande difficulté. Six mois plus tard, j'étais à Los Angeles et je suis parti en petites foulées pour rejoindre New York.



J'avais l'intuition que ma vie était là, sans bien savoir pourquoi.
Au début, c'est le physique qui parle. On sent beaucoup ses jambes, ses poumons. On est dans la sensation de l'effort. Dans la douleur, aussi. La plupart des gens ne peuvent pas faire autrement que de subir leur souffrance.
Moi, je me suis offert le luxe de la choisir.
C'est comme une compagne avec qui il faut apprendre à cohabiter: si on ne la prend pas de front, il y a un moment où l'on arrive à vivre ensemble.
Et puis, au bout de quelques jours, l'esprit prend le relais, et les jambes se contentent de suivre.
Je ne sais pas comment expliquer ça. On est avant tout un corps. Et c'est l'effort produit par ce corps qui permet au mental de prendre le relais, et à l'esprit de se libérer et de s'envoler.



J'ai découvert que, quand je cours des jours et des jours, je suis tel que, je suis, sans artifice. Ça ne m'était jamais arrivé. Plus le chemin était long et dur, et plus je me sentais devenir pur, comme si je me nettoyais de ma vie d'avant.
Quand je suis arrivé à New-York, j'avais changé d'espace: j'étais entré dans l'éternité, je ne l'ai plus jamais quittée.
Je me suis lancé dans la traversée de l'Australie, puis de l'Amérique du Sud, de l'Afrique, j'ai couru de Paris à Tokyo...



Depuis dix ans que je parcours la planète en courant, j'ai le sentiment que le temps n'a plus d'emprise sur moi. Ma foulée est lourde mais, parfois, j'ai l'impression que je ne touche pas le sol.
Ce qui me rattache au monde, ce sont les gens que j'aime - mes parents, mes trois fils et ma compagne, Laure, que j'ai rencontrée par miracle en préparant mon premier voyage, quand je cherchais un kiné pour m'accompagner.
Et aussi les sourires des gens que je croise et qui m'accueillent quand je cours autour du monde. Je n'ai jamais été ni agressé, ni insulté, ni violenté. Au rythme où je vais , je n'ai pas le temps de voir ce qui est laid.



La terre ne fait pas qu'aller mal, elle est belle aussi; il faudrait ne pas oublier de le rappeler de temps en temps. Moi, c'est ça que je vois d'elle.
Depuis le début, Laure fait partie de mon équipe de suiveurs. J'ai découvert ce qu'est un couple. Je n'avais jamais partagé quoi que ce soit à cent pour cent avec quelqu'un. Je ne pensais même pas que ça pouvait exister. C'est très intime, indescriptible, et absolument fabuleux...

Dans ces conditions, pourquoi arrêter de courir ?
Je pourrais trouver des excuses humanitaires ou spirituelles pour répondre à ceux qui me demandent à quoi ça sert, mais non.
La vérité, c'est que ça ne sert à rien. C'est un effort totalement gratuit, qui me rend infiniment heureux. C'est déjà beaucoup, non ?
Au fil des kilomètres, j'ai découvert mon essentiel. Maintenant, que je sais ce qui me tient et me fait vivre, je ne m'arrêterais plus. Jamais.
Je courrai jusqu'à l'éternité, parce qu'il y a une chose dont je suis absolument sûr :
La route est longue pour celui qui ne va pas au bout de ses rêves.

Les propos de Serge GIRARD, ont été recueillis par Valérie Péronnet dans la revue Psychologies magazine (N°271 de février 2008).
Pour en savoir plus sur cet homme "un peu hors norme", découvrez son site : https://www.sergegirard.com/

Allez, au plaisir de vous lire ...

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