On ne naît pas bon, mais on le devient !!


Titre proposé par Héléne Fresnel, de Psychologies Magazine.
Elle présente dans son article, publié dans un Hors-série, une analyse illustrant parfaitement l'impact de la reconnaissance sur nos comportements, et par conséquent sur les "points forts" dits "naturels", que nous avons en nous....


L'homme est-il naturellement bon ou mauvais ?
Personne ne peut le nier : la gentillesse n'est pas également partagée par tous.
Pourquoi ?


« Un enfant naît ni gentil, ni méchant, affirme le philosophe François Roustang. Il ne connaît ni le bien et le mal, il doit juste se battre pour trouver sa place » parce qu'il vient perturber l'économie familiale.
En même temps, on attend de lui qu'il soit sage, qu'il n'embête pas ses parents la nuit, qu'il apprenne certaines règles.
Il comprend donc qu'il doit s'aliéner pour se faire reconnaître, et gagner ainsi son étiquette d'enfant sage.

S'il reçoit l'amour et la générosité de ses parents, il a toutes les chances de grandir dans une sécurité affective propice à l'épanouissement de sa gentillesse.
« Dans le développement de l'humanité, comme dans celui de l'individu, c'est l'amour qui s'est révélé le principal, sinon le seul facteur de civilisation, en déterminant le passage de l'égoïsme à l'altruisme » rappelle Freud.

Des influences décisives



Un peu plus tard, le petit garçon, ou la petite fille, manifestera son attachement à son père, ou à sa mère, en s'identifiant à lui, en voulant devenir ce qu'il ou elle incarne à ses yeux ; et, si il (ou elle) lui renvoie une image de bonté, l'enfant a toutes les chances de vouloir calquer son comportement sur celui de l'adulte qu'il aura idéalisé.

Mais, avant sept ans, les enfants ne font pas clairement la distinction entre le bien et le mal.
Ils n'intériorisent la notion de morale qu'entre 8 et 12 ans, a démontré le psychologue et biologiste Jean Piaget.

Il a, par exemple, raconté à des petits une histoire à problèmes, et leur a demandé qu'elle serait pour eux la bonne solution :
«Jean a renversé, sans le faire exprès, un plateau de 15 tasses qu'il a cassées, tandis qu'Henri a cassé une tasse pour voler de la confiture...
Question : Est-ce que les deux enfants sont "aussi vilains " ? ; et, sinon, lequel est " le plus vilain " ?


Pour les plus petits, jusqu'à 7 ans, il faut punir celui qui a cassé 15 tasses : ce n'est pas l'intention, mais le résultat qui compte.

Pour les plus grands, âgés de 11 à 12 ans, il faut, contraire, punir celui qui a volé, c'est donc l'intention qui compte.

Le cadre collectif dans lesquels les enfants évoluent joue un rôle considérable dans cet apprentissage du jugement et dans la valorisation des comportements généreux.

En classe, au sein d'une fratrie, la gentillesse se développe plus naturellement si les adultes pratiquent un "traitement égal pour tous", soutient Freud.
C'est à partir du moment où celui qui incarne l'autorité ne marque pas de préférence entre les enfants que le sentiment de jalousie évolue vers une solidarité qui perdurera tout au long de l'existence et de la vie sociale.

Pourtant, à certaines périodes de notre vie, nous pouvons ressentir la nécessité de verser dans la méchanceté.



Il peut s'agir d'une question de survie quand nous sommes physiquement menacés dans la rue.
Ou bien de la nécessité d'obtenir le respect, quand, par exemple, nous subissons des tentatives de brimades, de harcèlement au travail.
L'autre ne se situe plus à côté, mais face à nous, dans une posture ouvertement hostile.
La gentillesse devient alors quelque chose de négatif ou de nocif : nous sommes gentils parce-que nous ne savons pas nous imposer et exister.



Si on ne souffre pas...

Il y a aussi ces moments où nous nous construisons contre l'autre, où nous nous opposons.

La préadolescence et l'adolescence peuvent être propices au surgissement soudain d'une passion pour la cruauté, qui "peut ne durer qu'un temps dans un itinéraire" pense la philosophe et psychanalyste Monique Schneider.
Il s'agit d'une manière de s'affirmer qui ne peut se faire qu'en négatif.

Cette parenthèse "mauvaise" risque de s'éterniser si les individus se retrouvent plongés dans des situations de profondes souffrances, morales ou matérielles.
'"L'horizon du chômage, la précarité, les difficultés d'accès au logement nous confortent à des situations de survie, facteurs favorisant la méchanceté » explique le sociologue Michel Fize.

Difficile, quand nous avons été rejeté par des êtres que nous aimons, quand nous risquons de perdre notre emploi ou quand nous sommes malades, de ne pas faire -parfois malgré nous- rejaillir notre souffrance sur notre entourage, dans des accès de rage mauvaise qui peuvent nous donner l'impression d'avoir prise sur ce réel qui nous abîme.

Dans le contexte opposé celui d'un bien-être physique et mental, quand nous éprouvons la sensation de tenir debout tout seul, sans dépendre de quiconque, il devient bien plus facile de se soucier de l'autre, de le respecter et de lui accorder une place.
Parce que nous-mêmes, nous avons le sentiment d'en avoir une dans la société.

Reconnu dans notre travail par nos pairs, écouté par nos proches, nous avons la sensation de pouvoir encore réaliser quelques-unes de nos plus profondes aspirations, et surtout, de regarder sereinement l'image que nous renvoie chaque matin notre miroir.

Car « ce qui prime, c'est une forme de dignité personnelle, souligne François Roustang. C'est elle qui nous donne notre liberté, toute notre force pour avancer ».
Et qui nous permet de persister dans notre bienveillance vis-à-vis d'autrui, y compris dans les circonstances les plus inhumaines.

Hélène Fresnel, de Psychologies magazine.

Allez au plaisir de vous lire... ... et un immense merci à ma chère Tante Ginou (fidèle lectrice de ce blog) de m'avoir transmis cet article !!!

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