J.B.Grange aux pieds d'or !!
Toujours intéressant de découvrir comment un grand champion retrouve le chemin de la victoire...
Jean-Baptiste Grange, en remettant les choses en place, en retournant son ADN ( ses forces à lui) pas celles du champion d'à coté, a récolté de nouveau L'or Mondial !!
Félicitations et merci pour la leçon de points forts .
Article de J.-D. C. pour l'Equipe du Mardi 17 février 2015.
De blessures en changement de matériel, le slalomeur avait égaré ce fluide élégant qui faisait sa force.
Jusqu'à dimanche sur la glace qu'il adore.
SON SOURIRE est né la veille.
Samedi dernier, Jean-Baptiste Grange (1,81m et 81 kg) était venu au ski libre reconnaître la piste de danse du slalom.
Il l'avait trouvée comme il les aime, lustrée comme un parquet neuf, idéale pour un tango endiablé.
Ces deux derniers hivers, le Français (30 ans) avait plutôt eu droit à de la moquette, ces neiges salées qu'il n'apprécie guère.
Son pas longtemps blessé y était moins alerte.
Et puis, la mode avait changé.
« Ma grosse qualité est d'être très court sur l'appui, disait-il. Mais le slalom a évolué dans un truc un peu plus long, que ce soit Felix (l'Allemand Neureuther) ou Marcel (l'Autrichien Hirscher). Même si Marcel met beaucoup d'intensité, il allonge fort ses courbes.»
Alors, le Savoyard avait changé de pied.
D'abord en changeant de skis en 2012 (de Rossignol à Fischer). « Un ski très facile qui me fait perdre un peu de mes qualités premières, mais qui m'apporte de la stabilité », expliquait-il, en cherchant à y mettre plus de gaz.
Et cet été, il avait même modifié son approche technique.
« J'ai voulu changer deux ou trois choses dans ma façon de skier, en pensant que ça allait m'aider. J'avais tendance à vouloir skier en mettant un peu plus d'angle, à me baisser un peu plus, à chercher de la continuité comme Neureuther. Mais, finalement, on a remis les choses en place. Il ne faut pas toucher à l'ADN de ton ski. »
JEAN-PIERRE VIDAL, CHAMPION OLYMPIQUE 2002 : « IL A RETROUVÉ L'ALCHIMIE »
Dimanche, il a rejailli comme avant.
Le sol était dur à souhait et Grange y a virevolté comme aux plus beaux jours.
En première manche, dossard 14, il est le seul à rythmer le tempo de Hirscher sur le haut de la manche (5e temps).
En seconde -sur un tracé semblable à celui sur lequel il s'était entraîné avec les Italiens dans la semaine-, il s'en va récolter l'or sur la partie intermédiaire plane, si doux, si juste, si élégant qu'on dirait qu'il n'y touche pas.
« Il a retrouvé cette légèreté dans son ski , apprécie Sébastien Amiez, vainqueur du globe de slalom 1996.
Sur la glace, il faut être chat, bien en ligne, sans surpression. C'était à nouveau l'homme aux pieds d'or, celui qui gagnait tout avant ses blessures. Avec sa technique bien à lui, des appuis très courts, une vitesse de pieds incroyable, un passage de piquets assez rapide et tout de suite le ski dans la pente, qui revient sur la semelle pour prendre de la vitesse. »
Jean-Pierre Vidal, le champion olympique 2002, avait lui aussi rajeuni : « Son talent, c'est le relâchement, cette capacité unique à accélérer son ski comme personne. Tout ce qu'on ne retrouvait pas ces dernières années ou alors seulement sur quelques portions avant qu'il fasse des fautes qui le bloquaient. Mais là, il a retrouvé l'alchimie.»
Cet instant de grâce qu'il attendait avec impatience, « ce moment où je vais réussir à décider d'y aller fort, de lâcher fort » , disait-il.
C'était dimanche et le Golden Eagle en a swingué sous sa caresse.
J.-D. C. pour l'Equipe le Mardi 17 février 2015 à BEAVER CREEK.
Allez, au plaisir de vous lire...