Merci à Pierre Burello de m'avoir transmis ce magnifique témoignage !!!
Olivier Duplan, directeur de la Maison d’Enfants à Caractère Social Apprentis d’Auteuil à Saint-Jacques (59), est directeur sportif de Sandrine Martinet, médaille d’or à Rio et directeur sportif de l’équipe de France de Judo de la Fédération française handisport.
Il est revenu de Rio comblé, et nous sa joie après la victoire de la judoka, chez les moins de 52 kg
Que ressens-tu après cette victoire de la judokate Sandrine Martinez ?
J’accompagne Sandrine depuis 15 ans, d’abord en tant qu’entraîneur puis directeur sportif, en travaillant les liens autour de sa préparation. Sa victoire est une joie énorme : elle a raté deux fois la médaille d’or en 2004 et 2008. Puis en 2012, elle s’est brisé la cheville, alors qu’on s’attendait à ce qu’elle soit en tête. Tout était à reconstruire, il a fallu qu’elle trouve en elle la force de remonter sur un tapis. Il a fallu l’accompagner sur ses doutes, ses questions, l’organisation de vie et arriver à ce qu’elle puisse être dans une démarche de positiver sa préparation. Elle a mis sa vie personnelle entre parenthèse pendant six mois, elle s’est cassé à nouveau la malléole en février…. Je suis profondément heureux qu’après toutes ces galères, toutes ces raisons d’arrêter, elle ait trouvé l’énergie pour se battre.
Je suis très fier de sa capacité à avoir mené son projet de vie. Une mère accomplie, une femme heureuse, une professionnelle reconnue et maintenant championne de France, d’Europe, du Monde.
Comment réussit-on avec un handicap dans la vie ?
Il faut une volonté sans faille, il faut y croire tous les jours. De la discipline, de l’entraînement, de l’organisation et des gens autour. La famille a une place centrale. Pour Sandrine, son mari l’a porté, les enfants ont accepté les absences. Également des professionnels : les clubs et une équipe technique lui ont donné les meilleurs moyens pour se préparer. Le judo, c’est aussi un collectif ! Cela demande l’investissement de nombreuses personnes, de moyens : la médaille récompense l’athlète mais également tous ceux qui ont travaillé autour.
En tant que coach de l’athlète porteur d’un handicap, il me faut être humble, lui permettre d’expérimenter et beaucoup parler. En effet, j’essaie d’amener les athlètes le plus loin possible dans leur pratique sportive et tout ce que leur corps peut faire, mais seuls eux peuvent me dire s’ils peuvent ou non. Je ne peux pas me mettre à leur place, savoir ce qu’ils ressentent.
Je dois également faire attention à mon regard, qui parfois peut les sur-handicaper.
Tu es aussi directeur de la MECS Saint-Jacques (Nord)… Quels liens fais-tu entre l’accompagnement des jeunes et la direction des athlètes porteurs d’un handicap ?
Comme pour Sandrine, nous donnons un jeu de clefs aux jeunes, et ce sont eux qui peuvent ensuite les utiliser. Personne ne peut faire à leur place. Dans ces clefs, il y a les messages que nous passons et qui prennent sens, parfois tout de suite, parfois beaucoup plus tard. De plus, il s’agit bien aussi d’un travail d’équipe, et tous doivent être mobilisés autour de la réussite. La performance – qui est pour nous le retour en famille, l’insertion – doit se mettre en place. D’autre part, l’athlète a été meurtri dans son corps, ce qui n’empêche pas qu’il ait les mêmes désirs que tous. Or il faut que cette blessure soit acceptée pour avancer. Les jeunes ont des blessures intimes et des désirs, et les deux doivent être assumés pour avancer.
Quelle valeur sous-tend particulièrement ton engagement ?
Pour mes deux activités, c’est la même : le caractère sacré de la personne. Chacune est singulière, estimable, aimable, et m’apporte énormément de chose. Elles sont dignes de toutes les attentions et les rencontrer sont des cadeaux. Regarder la vie par leur prisme m’apprend toujours. Ça change tout. Leur capacité à rebondir, leur force est admirable et me nourrit.
Plusieurs personnes me disent : j’ai une plus belle vie depuis mon handicap. Comme si avant, elle ne mesurait pas leur chance, elle la laissait passer. Comme si le handicap valait quelque chose… Cela me porte.
Un message particulier pour les jeunes ?
Il faut que les jeunes mesurent la grande confiance qu’on a en eux, qu’on leur porte. Qu’ils en soient convaincus, qu’ils s’appuient dessus de toutes leurs forces.
Allez au plaisir de vousd lire .. Enjoy !
1 De Fabrice Aupetit -
Bonjour,
Un vrai plaisir ces moments de partage.
Juste pour Sandrine : Martinet et non Martinez.